Mise à jour du marché et des taux d'intérêt
La prochaine annonce des taux de la Banque du Canada cette semaine fait suite à plusieurs événements mondiaux remarquables. Le Forum économique mondial (WEF) annuel qui s'est tenu à Davos a eu lieu après un congé sabbatique de 2 ans en raison des restrictions de Covid et nous avons passé le 100e jour du conflit russo-ukrainien.
Le premier est un rassemblement de leaders mondiaux qui a débuté en 1971 et a été fondé par Klaus Schwab, professeur de commerce à l'Université de Genève. Cette période de l'histoire a été marquée par des temps économiques difficiles et l'objectif du ‘’European Management Forum’’ (son nom à l'époque) était de se réunir pour discuter des enjeux économiques et mondiaux qui impactaient le développement économique en Europe. La conférence s'est transformée en un rassemblement de dirigeants mondiaux, d'économistes, de banquiers centraux et d'élites d'affaires discutant des problèmes qui ont un impact sur l'économie mondiale.
Ce dernier met en lumière un conflit qui a été au centre des discussions de la plupart des pays occidentaux au cours des 3 derniers mois et a servi en quelque sorte d'accélérateur sur les enjeux qui constituaient déjà un problème majeur à travers le monde.
Passons en revue l'état actuel des choses pour cadrer le contexte économique actuel, comment la Banque du Canada procédera dans ce contexte et ce que cela signifie pour vous.
Les sujets les plus abordés lors du WEF (World Economic Forum) ont été l'inflation, les chaînes d'approvisionnement mondiales, les changements climatiques et enfin les effets persistants de la pandémie sur l'économie mondiale (notamment la Chine). Tous ces sujets ne sont pas nouveaux, et nous les avons longuement évoqués au cours des 6 derniers mois car ils impactent directement les décisions des Banques Centrales comme la Banque du Canada. Voici quelques points clés :
- La réduction des subventions aux combustibles fossiles dans le monde au cours des 2 dernières décennies a potentiellement accéléré l'inflation de ce produit.
- Les changements climatiques à travers le monde ont eu un impact majeur sur 60% de la production alimentaire mondiale. Une vague de chaleur majeure en Inde, par exemple, a ravagé les stocks de blé et des événements similaires à travers le monde ont eu des effets similaires. Les prix alimentaires mondiaux devaient augmenter de manière significative avant même le conflit russo-ukrainien. Le FMI prédit une crise alimentaire mondiale majeure au cours des 5 prochaines années, peut-être même de façon permanente.
- L'inflation est désormais ancrée dans l'économie. La plupart des entreprises s'attendent à annoncer d'importantes augmentations de salaire aux travailleurs au cours des 12 à 24 prochains mois. Ils ont l'intention de transmettre la facture aux consommateurs.
- Bien que la plupart des banquiers centraux espèrent éviter de déclencher une récession pour renverser l'inflation, le consensus est que ce sera très difficile.
- La politique « Zéro-Covid » de la Chine crée des problèmes majeurs dans la chaîne d'approvisionnement et a considérablement ralenti l'économie chinoise.
Le conflit russo-ukrainien a servi d'accélérateur à la plupart des problèmes qui affligent déjà l'économie mondiale. Il est peu probable que les stocks alimentaires de blé stockés au port d'Odessa soient autorisés à quitter, affectant plus de 12% de l'approvisionnement mondial en blé déjà contraint. Des pénuries de pétrole dans toute l'Europe sont attendues dès l'automne 2022 et l'embargo sur les exportations de pétrole russe par l'Occident accélère l'augmentation du coût du pétrole dans le monde. En raison d'une réduction graduelle des subventions pétrolières mondiales depuis plusieurs décennies, l'économie mondiale est incapable de réagir rapidement pour augmenter la production afin de compenser.
Avant de discuter des impacts sur les taux d'intérêt et l'économie canadienne, je ne peux m'empêcher de souligner l'ironie de la situation ci-dessus. Les prix alimentaires mondiaux explosent en raison de problèmes liés au climat, principalement dus à la combustion et à l'utilisation de combustibles fossiles dans tous les secteurs de l'économie. Alors qu'en même temps, en raison de la lutte contre le changement climatique et de la réduction des subventions aux combustibles fossiles, le monde est incapable de compenser la pénurie de la matière première qui fait grimper les prix du pétrole et augmente de manière exponentielle l'inflation.
Voici les points importants à mon avis. L'inflation actuelle, les changements de politique monétaire, les troubles géopolitiques, le stress de la chaîne d'approvisionnement postpandémique sont de nouvelles tensions avec peu ou pas de points de référence sur les turbulences économiques passées que le monde a connues. Il faut s'attendre à l'inattendu et faire preuve de flexibilité existentielle car prévoir ce qui se passera au cours des prochaines années sera une tâche difficile. Le défi pour les économies et les marchés sera de retrouver une stabilité et de faire en sorte que bon nombre de ces facteurs inconnus deviennent plus « connus ».
La Banque du Canada et les taux d'intérêt au Canada :
La Banque du Canada devrait annoncer une hausse de taux de 0,50 % cette semaine, le 1er juin, pour la deuxième fois consécutive. C'est presque une certitude. Tous les taux variables au Canada bondiront ainsi de 0,50 % et cela impactera le paiement de plusieurs détenteurs d'hypothèques.
Les taux fixes oscillent actuellement en moyenne autour de 4,5 %. Nous avons vu les rendements obligataires se stabiliser au cours des 2 dernières semaines, laissant entendre que les augmentations des taux fixes ralentissent peut-être. C'est à mon sens très présomptueux. L'inflation était de 6,7 % en mars et de 6,8 % en avril bien au-dessus de la cible de 2 % de la BdC. Rien n'indique que la Banque du Canada cessera ou ralentira sa politique monétaire actuelle. La plupart des emprunteurs devraient selon moi s'attendre à ce que les taux fixes atteignent 5 % en moyenne d'ici la fin de l'été et près de 6 % d'ici la fin de l'année.
Si vous considérez convertir votre taux variable à taux fixe actuellement, cette stratégie comporte de nombreux risques, car avant l'annonce de la Banque du Canada cette semaine la plupart des taux variables oscillent encore autour de 2,5 % à 2,9 %, bien en dessous de la moyenne des taux fixes de 4,5 %. De plus, les prêts hypothécaires à taux fixe ont en général des conditions et pénalité en cas de bris beaucoup plus sévères.
Dans une tornade, vous ne sortez pas vous promener dans le parc. Nous sommes d'avis que tout emprunteur qui a déjà une hypothèque à ce moment devrait rester avec le statu quo et ne pas prendre de décisions importantes.
Tout nouvel emprunteur cherchant à obtenir un nouveau prêt hypothécaire devrait peut-être envisager un terme fixe à plus courte durée (3 ans ou moins) ou une stratégie plus créative, à discuter en fonction de ses besoins.
Nous reconnaissons que faire des choix difficiles en période volatile est extrêmement ardu. Nous nous engageons à vous fournir le maximum d'informations et de conseils pour vous permettre de rester informé. Nous invitons tout lecteur à nous contacter par courriel si vous avez des questions ou avez besoin de conseils.
Avec appréciation,
Ryan La Haye