
Le Marché Hypothécaire du Québec en 2024 : Entre Reprise et Reconfiguration
L’année 2024 a marqué un tournant pour le marché hypothécaire québécois. Après deux années de hausses soutenues des taux d’intérêt, l’assouplissement progressif de la politique monétaire a permis une reprise modeste. Pourtant, l’accès à la propriété reste un défi pour de nombreux Canadiens, en raison d’un marché encore sous tension et d'une concentration croissante des prêteurs dominants.
Une Reprise Modérée mais Tangible
Avec plus de 224 000 hypothèques enregistrées, le marché a connu une progression de 10 % par rapport à 2023. Cette amélioration s’explique en grande partie par la baisse des taux d’intérêt, qui ont atteint 3,25 % à la fin de l’année, ainsi que par la stabilisation du coût de la vie avec une inflation en recul à 1,8 %.
Ce contexte plus favorable a encouragé les transactions immobilières et les refinancements, notamment grâce à la suppression du test de résistance pour les transferts de prêts non assurés et à l’introduction de nouvelles mesures facilitant l’accès au crédit.
Une Domination Accrue des Grandes Institutions
Si l’ensemble du marché a profité d’un regain d’activité, la répartition des parts de marché a connu un changement significatif. Les petits prêteurs ont vu leur part de marché chuter de 16 % à 11 %, impactés par une concurrence de plus en plus agressive des grandes banques.
Parmi les gagnants de cette restructuration, Desjardins s’impose comme le leader du marché, avec une part de marché de 43,19 %, enregistrant 50 076 nouvelles hypothèques. La Banque Nationale et RBC ont également vu leur activité progresser de 15 %, tandis que la Banque Scotia a réalisé un bond impressionnant de 88 %, renforçant sa présence au Québec.
La Hausse des Mauvaises Créances : Une Préoccupation Persistante
Malgré un assouplissement monétaire, la pression financière sur les ménages a continué de croître. En 2024, le nombre de préavis d’exercice a atteint 5 686, soit une augmentation de 10,6 %. Le nombre de délaissements a grimpé de 16,8 %, tandis que les ventes judiciaires ont augmenté de 6,8 %.
Perspectives pour 2025
En 2025, la récente baisse du taux directeur à 3 % devrait offrir un répit aux emprunteurs, favorisant le refinancement et l’accession à la propriété. Toutefois, l’incertitude économique demeure, notamment en raison des tensions commerciales potentielles avec les États-Unis et des nouvelles politiques d’immigration.
Conclusion
En 2024, le marché hypothécaire québécois a su faire preuve de résilience et d’adaptation face à un contexte économique en évolution. Entre baisse des taux, reconfiguration des parts de marché et augmentation des mauvaises créances, l’équilibre reste fragile. L’année 2025 s’annonce comme une période charnière où les décisions de politique monétaire et économique joueront un rôle crucial dans la trajectoire du marché immobilier québécois.