L'augmentation record de l'émission de dettes au Canada depuis 2021 soulève des inquiétudes
Le 24 avril 2024, le gouvernement du Canada (GoC) a marqué un tournant majeur en enregistrant la plus importante émission mensuelle de dette depuis 2021. Ce regain d'activité sur le marché obligataire survient juste avant l'annonce de nouvelles dépenses proposées dans le dernier budget, malgré une économie censée être en bonne santé. Cette situation pourrait s'avérer problématique pour tous.
Les obligations du gouvernement du Canada
Les obligations du GoC sont le moyen par lequel le gouvernement fédéral se finance pour couvrir les dépenses non couvertes par les revenus. De nouvelles dettes ne sont ni bonnes ni mauvaises en soi, surtout si elles trouvent preneur et que les coûts sont inférieurs à l'inflation. Cependant, les lois de l'offre et de la demande indiquent que le moment choisi pour emprunter n'est pas toujours idéal.
Si l'émission de nouvelles dettes surpasse le capital disponible chez les prêteurs, les coûts d'emprunt augmentent. Cela affecte non seulement le GoC, mais aussi tous les coûts d'emprunt puisque les obligations gouvernementales influencent l'ensemble du marché du crédit. Cette concurrence pourrait poser problème, particulièrement dans un contexte où les taux d'emprunt sont élevés et où le Canada peine à attirer des investissements.
Les données en bref
En mars, le gouvernement canadien a sollicité le marché obligataire de manière significative, avec une nouvelle émission s'élevant à 24,5 milliards de dollars, marquant une hausse de 22 % par rapport au mois précédent. Il s'agit de la plus importante émission depuis 2021, avant la présentation du budget.
Remplacement de la dette arrivant à échéance
Une grande partie de ces nouvelles émissions a servi à remplacer la dette arrivant à échéance. En mars, le GoC a remboursé 12,5 milliards de dollars de dette, ce qui représente une augmentation nette de 11,9 milliards de dollars pour la période. Bien que certains ne considèrent l'augmentation nette que comme un détail, le remplacement de la dette intervient dans un contexte de taux élevés, ce qui pourrait représenter un problème que le Canada n'avait pas connu depuis près de 30 ans, jusqu'à la pandémie.
Retour à une accrue rapide de la dette
En examinant la moyenne sur 12 mois, l'augmentation considérable des émissions de dette pour profiter des taux bas est évidente. Initialement présentée comme temporaire, cette dette devait être progressivement éliminée. Cependant, de nouvelles émissions ont presque entièrement annulé ces progrès.
Le dernier budget propose également une augmentation significative des dépenses, susceptible de stimuler davantage l'émission d'obligations. Dans un contexte où les investisseurs se détournent de l'exposition au dollar canadien, cela augmentera la pression sur les coûts d'emprunt. Le Canada devrait mener la baisse des taux pour stimuler son économie et réduire certains types de financement de la dette. Cependant, cela pourrait également dissuader les investisseurs de s'exposer davantage au dollar canadien, n'attirant pas le même afflux de crédit bon marché qu'avant 2020.